Affirmer que le salaire d’un professeur agrégé se résume à une simple grille, c’est ignorer à quel point chaque chiffre raconte une histoire de carrière, d’efforts et d’engagement. Les enseignants et ceux qui rêvent de rejoindre leurs rangs se heurtent vite au labyrinthe des rémunérations : des barèmes précis, des échelons qui s’enchaînent, et derrière chaque palier, une reconnaissance de l’expérience accumulée et des compétences forgées au fil des ans.
Pour démêler cet ensemble, il est utile de détailler les différents niveaux et les critères qui rythment la progression. Ce regard attentif permet de mesurer comment l’expertise pédagogique se traduit concrètement, dans la reconnaissance et la valorisation qui accompagnent le parcours d’un professeur agrégé.
Les grilles indiciaires des professeurs agrégés
Le traitement indiciaire des professeurs agrégés est encadré par le décret n°2017-789. Ce texte pose les bases des grilles applicables à cette catégorie d’enseignants relevant de l’Éducation nationale. Deux classes balisent ce parcours : la classe normale et la classe exceptionnelle, chacune avec ses propres échelons, ses codes et ses perspectives d’évolution.
Classe normale
Pour la classe normale, la progression repose sur une succession d’échelons, chacun correspondant à un indice majoré distinct :
- Échelon 1 : Indice majoré 444
- Échelon 2 : Indice majoré 466
- Échelon 3 : Indice majoré 488
- Échelon 4 : Indice majoré 514
- Échelon 5 : Indice majoré 543
- Échelon 6 : Indice majoré 578
- Échelon 7 : Indice majoré 614
- Échelon 8 : Indice majoré 652
- Échelon 9 : Indice majoré 695
- Échelon 10 : Indice majoré 740
- Échelon 11 : Indice majoré 793
Classe exceptionnelle
La classe exceptionnelle s’adresse aux enseignants dont l’expérience et l’engagement ont rayonné durant leur carrière. Elle comprend les niveaux suivants :
- Échelon 1 : Indice majoré 783
- Échelon 2 : Indice majoré 830
- Échelon spécial : Indice majoré 890
Le décret n°72-580 complète ce dispositif en organisant la rémunération des professeurs agrégés. Mais un détail rend le paysage plus complet : diverses indemnités s’ajoutent au traitement de base. On retrouve, entre autres, la prime d’équipement informatique, l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE), la prime d’attractivité, la nouvelle bonification indiciaire (NBI), l’indemnité de résidence ou le supplément familial de traitement. Celles ou ceux qui s’engagent dans le Pacte enseignant voient encore leur rémunération progresser grâce à des primes supplémentaires.
Au fil de ces échelons et grilles, c’est tout un cheminement professionnel qui s’écrit, donnant à la carrière d’agrégé une assise salariale sur la durée et la reconnaissance d’une mission accomplie au service public.
Les échelons et leur impact sur le salaire
La progression d’un professeur agrégé serpente d’année en année : chaque nouvel échelon représente un palier de plus, un indice majoré qui grimpe et, logiquement, un salaire qui évolue à la hausse. Derrière chaque saut, un repère : le passage du premier au onzième échelon de la classe normale, par exemple, traduit concrètement cette avancée, de la première expérience jusqu’à la maturité professionnelle.
Passer d’un échelon à l’autre requiert entre 2 et 4 ans en moyenne, selon le niveau atteint et les rythmes fixés par la réglementation. Par exemple, dès l’entrée dans la profession (échelon 1, indice 444), un agrégé touche aux alentours de 2 067 euros bruts mensuels. À l’extrémité de la classe normale (échelon 11, indice 793), le traitement mensuel brut atteint près de 3 696 euros.
Classe normale et classe exceptionnelle
L’accès à la classe exceptionnelle devient possible avec l’ancienneté et la reconnaissance du parcours. Cette étape rehausse notablement la rémunération à chaque échelon :
- Échelon 1 : Indice majoré 783, soit environ 3 649 euros bruts par mois
- Échelon 2 : Indice majoré 830, soit environ 3 868 euros bruts
- Échelon spécial : Indice majoré 890, soit environ 4 150 euros bruts par mois
À ce socle de base s’ajoutent régulièrement des primes et indemnités qui modulent le montant total perçu. Les missions, les responsabilités ou la situation familiale viennent affiner encore la rémunération réelle sur le bulletin de paie. L’avancée sur les échelons, couplée à ces compléments, matérialise cette dynamique de reconnaissance professionnelle, avec des paliers concrets qui rythment la trajectoire salariale.
Les éléments supplémentaires de rémunération
Au-delà de la grille indiciaire, la fiche de paie d’un professeur agrégé s’enrichit de primes et indemnités diverses. Ces compléments, loin d’être anecdotiques, témoignent de la diversité des réalités du métier et des enjeux quotidiens auxquels les enseignants répondent. En voici les principales caractéristiques :
- Indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE) : elle traduit l’investissement dans le suivi pédagogique et l’orientation des élèves, les montants variant selon les fonctions exercées.
- Prime d’attractivité : déployée pour valoriser le métier d’enseignant, elle bénéficie à tous et son montant s’accroît avec l’ancienneté ou selon l’affectation.
- Prime d’équipement informatique : conçue pour compenser les dépenses liées au matériel indispensable, elle est versée chaque année.
- Nouvelle bonification indiciaire (NBI) : attribuée à certains enseignants selon leurs missions, notamment dans des zones spécifiques.
- Indemnité de résidence : elle varie selon la région où l’on exerce, pour compenser les différences de coût de la vie.
- Supplément familial de traitement : accordé aux enseignants avec enfants à charge et évoluant selon la taille de la famille et le niveau de traitement indiciaire.
- Pacte enseignant : ce dispositif ouvre droit à des primes ciblées pour ceux qui s’investissent dans des projets supplémentaires ou occupent certains rôles particuliers.
Souvent, c’est l’ensemble de ces compléments qui, additionnés à l’indiciaire, donne sens à une carrière, rappelle les évolutions traversées, les efforts fournis et la constance exigée. Traverser les échelons et voir sa fiche de paie refléter ces acquis, c’est là l’un des marqueurs d’une profession qui ne cesse de se réinventer, avançant toujours au rythme des défis et des avancées collectives.


